Source: JV
Sept mois se seront écoulés entre la sortie du
premier et second opus de Digital Devil Saga. Sept mois à se ronger les
ongles pour enfin découvrir la suite et fin de cette épopée
apocalyptique scindée en deux volumes. Mais comme dirait l'autre, tout
vient à point à qui sait attendre. Ainsi, si les portes de l'Eden
infernal semblent bel et bien fermées aux habitants de Junkyard, un
Embryon d'espoir est encore permis. Le monde tel que nous le
connaissions n'existe plus, les cendres sont tombées, le vent ne
souffle plus mais il est encore temps de réécrire l'histoire.Si le jeu ne suit pas scrupuleusement la même logique mercantile que
celle d'un Dot Hack, Digital Devil Saga 2 n'est qu'un copier/coller du
premier épisode sorti en juillet 2005 sous nos latitudes. Ainsi donc,
on ne peut que pester contre cette façon de procéder d'autant que les
deux "chapitres" auraient très bien pu tenir sur un simple DVD. Bien
que Ghostlight nous propose une version Collector du titre (comprenant
6 cartes postales ainsi que l'OST du jeu) à un prix de cinquante euros
environ, on garde la gorge serrée en repensant à la centaine d'euros
déboursée, surtout quand un Final Fantasy XII se pavane à côté en
affichant son prix de soixante biftons. M'enfin, nous ne pouvons pas y
faire grand-chose et c'est pourquoi je me fais fort d'aiguiller mon
test vers des horizons moins réactionnaires afin de rentrer dans le vif
du sujet.
MegaTen n'est pas vraiment la série la plus colorée dans le microcosme des RPG.Digital
Devil Saga 2 débute là où le premier épisode s'arrêtait. Bien entendu,
les deux jeux sont compatibles et si vous possédez une sauvegarde du
premier segment, vous pourrez la réutiliser pour retrouver vos
personnages. De l'autre bord, les malheureux et malheureuses (clin
d'oeil, clin d'oeil) qui n'ont pu toucher au premier sacrement ludique
d'Atlus devraient avoir un peu plus de mal à rentrer dans le bain
d'autant que l'eau peut sembler un peu glaciale au premier abord.
Cependant, entre les flash-back et les informations glanées dans la
notice, vous devriez trouver prestement vos marques et pouvoir
apprécier à sa juste valeur le scénario mystique de ce Digital Devil
Saga 2. A ce sujet, nous y retrouvons le bien nommé Serph, épaulé par
ses acolytes Galle et Argilla, qui, après avoir éliminé Angel au sommet
de la tour Karma, vont partir en quête de leurs compagnons restants.
Que dire de plus que ce que Killy avait déjà évoqué il y a plusieurs
mois ? Hum, difficile en effet de ne pas le paraphraser puisque tout ce
qui faisait la force du premier opus (ambiance de fin du monde
restituée avec force et panache, scénario mêlant mysticisme, religion
et expérimentations génétiques, savant découpage des cinématiques) se
retrouve bien évidemment dans le titre qui nous intéresse aujourd'hui.
On déplore une montée de niveaux trop lente, ceci nous obligeant à passer du temps dans les menus pour faire sa popote.De
fait, l'univers des Shin Megami prend ici toute son ampleur dans le
sens où les lieux dévastés que nous arpentons font véritablement office
d'antichambre de l'enfer. De plus, les longs donjons, mornes et sans
vie trouvent ici une espèce de légitimité même si au-delà de cette
acceptation plus ou moins forcée, on peut trouver un tantinet énervant
que l'architecture environnementale ne parvient jamais à décoller d'un
spin-off à l'autre. Pourtant, tout comme son grand frère, Digital Devil
Saga 2 n'a pas à multiplier les effets de mise en scène pour retenir le
joueur. Ceci tient en premier lieu à son histoire, intéressante à plus
d'un titre et jouant astucieusement avec la divulgation d'informations
importantes, et son character design très réussi aussi bien dans
l'androgénie de ses personnages ou le côté carnassier des
transformations en démons. A ce sujet, sachez que le système de combat
permet toujours de combattre sous trois aspects (humain, sous une forme
démoniaque inspirée par le Karma de l'individu ou une forme
intermédiaire, mi-homme, mi-démon), ce qui rend les affrontements
aléatoires captivants.
Le système des Mantras n'a pas vraiment évolué depuis le précédent opus mais reste séduisant.Ainsi,
bénéficiant d'une fréquence des plus plaisantes, les combats restent
relativement techniques tout en induisant une difficulté assez
importante bien qu'inférieure à celle de Shin Megami Tensei : Lucifer's
Call. Ceci vous incitera alors à mettre à profit les combos de groupe
que vous obtiendrez à intervalle régulier et à bien gérer vos Mantras,
des sortes de programmes qui augmentent les capacités des membres de
votre team. En parlant de ça, notez qu'il est toujours aussi agréable
de développer sa grille en essayant d'obtenir une équipe équilibrée
après avoir orienté tel ou tel personnage vers une fonction bien
précise : attaquant, guérisseur, magicien, etc. Le tout demandera un
peu de réflexion de votre part mais si vous vous prenez au jeu, vous
pourrez très vite développer vos personnages de façon à ce qu'ils
soient complémentaires en débloquant des Mantras spéciaux pour acquérir
des compétences inédites. Egalement rattachés aux dits Mantras, la
compétence Consume (à utiliser en plein combat) vous permet toujours de
dévorer vos ennemis pour leur voler des AP (indispensables pour
apprendre des techniques) mais attention à l'indigestion.
Ne passez surtout pas à côté d'une borne de sauvegarde puisqu'elles sont souvent positionnées de façon stratégique.Sans
aucune autre prétention que celle de vouloir clore ce conte génétique,
théologique, Shin Megami Tensei : Digital Devil Saga 2 touche en plein
coeur et offre une conclusion digne des premières pages de cet
apocryphe de pixels. Difficile d'accès dans sa façon d'aligner des
donjons à perte de vue, dans sa propension à dépeindre une société
livrée à elle-même, tiraillée entre la survie et la découverte de
lendemains meilleurs, le titre d'Atlus fait peu de concessions et mise
avant tout sur l'intérêt du joueur à vouloir découvrir coûte que coûte
la conclusion tant attendue. Loin, très loin des frasques ambitieuses
d'un Final Fantasy ou de l'humour d'un Shadow Hearts, ce titre mérite
votre attention si vous n'avez rien contre un certain pessimisme
ambiant et un gameplay carnivore. Une bonne occasion donc pour plonger
à nouveau dans ce macrocosme démoniaque avant de poursuivre
l'expérience avec le très prometteur Shin Megami Tensei : Devil
Summoner.